Un
nouveau message attira l’attention de Kyuuji. Lya demandait aux Songes
de récupérer un dernier artefact pour compléter ses recherches. Le Raen
ne savait pas de quoi il s’agissait, mais il comprit que cela n’était
pas anodin. Elle faisait référence à d’autres fragments, précédemment
récupérer par les Songes, mais il lui fallait ce dernier artefact. Un
rendez-vous fut donné pour monter une opération de récupération de cet
artefact, et Kyuuji se joignit à eux.
Rynia,
le superviseur de l’Ordre des Deux Vipères, eut vent de cette rencontre
et décida de prendre en main l’opération. Kyuuji ne la connaissait pas
personnellement, il savait seulement que la compagnie était
effectivement supervisée. Il trouva la jeune femme enjouée mais,
surtout, peu appréciée par les Songes. La raison de cet défiance était
évidente, personne n’aimait être superviser, et surtout pas les Songes
de Nymeia. Elle fit de son mieux pour diriger l’opération et divisa les
membres en deux équipes. La première accompagnerait Greil pour récupérer
des renseignements sur la position de l’artefact. La seconde resterait
en soutient à la villa pour réunir les informations et les analyser afin
de localiser précisément l’artefact. Le doute s’instilla immédiatement
dans le cœur du Raen. D’un côté l’appel des impériaux et sa rancœur, de
l’autre son choix pour les érudits et non les conquérants. Il était
tiraillé quand une réminiscence de son accès de rage durant sa mission
avec Greil s’imposa à lui. Kyuuji refusait de se laisser emporter de la
sorte encore une fois. Et surtout pas devant ses compagnons. Il décida
de suivre son choix et se joignit à la seconde équipe. Il se persuada
que c’était également l’occasion de voir s’il pouvait avoir une utilité
ailleurs que sur le terrain. Mais cette opération fut une véritable
épreuve pour lui, bien que la mission fût un succès relatif. Entouré
d’une demi-douzaine d’autres personnes, toutes des femmes, il était
irrémédiablement mal à l’aise. De plus, il s’était couvrit de honte en
se trompant dans un calcul. Il sentit le doute l’envahir de nouveau à la
fin de la réunion. Il était près à revenir sur sa décision. Refusant
d’abandonner aussi vite, il se décida de continuer ses recherches pour
déterminer la position de l’artefact quand Fin le contacta par la perle.
Elle l’avertit qu’elle se rendait à Azys Lla pour faire du repérage,
suite à leurs conclusions de la réunion. Kyuuji lui proposa de se
joindre à elle, puisqu’il avait la même intention.
Fin
et Kyuuji se rendirent donc à Azys Lla ensemble. Ils repérèrent les
quelques endroits pouvant correspondre aux renseignements que l’équipe
de Greil avaient réuni. Puis Fin surprit le Raen en abordant un sujet
personnel. Elle lui demanda la raison de son refus de se rendre à Mor
Dhona. N’ayant aucune raison de lui mentir, il lui expliqua la vérité.
Encore une fois, comme si l’habitude s’installait entre eux, le sujet
dériva sur le rôle de prêtre de Kyuuji. Et il lui confia une part de ses
doutes. Il lui parla de sa rancœur envers l’empire, de son accès de
rage lors de la mission avec Greil et de ses remords. Étonnement, Fin ne
fit pas de commentaire sur sa haine pour Garlemald mais elle le rassura
sur son humanité. Kyuuji avait l’impression d’être soulagé d’un poids
immense. Il ne s’était jamais confié à personne d’autre que son père et
les esprits. Mais cette nouvelle expérience était étrange. Encore une
fois, Fin s’était montrée surprenante. Le Raen regretta presque de ne
pouvoir lui confier ses doutes concernant le choix du groupe des
érudits, mais il le considérait trop personnel. Il pensait que c’était à
lui de résoudre ce problème. C’était ce qu’il aurait certainement
conseillé si la situation avait été inversée. Et il était libéré d’un
poids conséquent, il ne voulait pas ennuyer Fin d’avantages, elle aussi
avait les siens, dont certains qu’elle ne partageait pas avec lui.
Après
le repérage dans Azys Lla, il était devenu évident que l’estimation de
l’échelle qu’ils avaient fait durant la réunion était fausse. Kyuuji se
mit donc en tête de résoudre ce mystère. Avec l’aide de Manah, il
réussit à établir que le quadrillage de la carte correspondait à 50
yalms et non pas 100 comme ils le supposaient. De retour à la Rêverie,
porté par son élan, le Raen dessina les rayons de recherches pour
l’artefact et épingla le résultat sur le panneau d’affichage. Peu de
temps après, le dernier point centre permit d’établir l’endroit exacte
de la localisation supposée du fragment. Cette réussite, en plus de sa
confession auprès de Fin, fit reculer ses doutes. Kyuuji avait
l’impression d’avoir été utile à la compagnie, d’avoir rempli son rôle.
Il s’en trouva apaisé et rassuré.
La
récupération de l’artefact devait maintenant avoir lieux. Greil réunit
des volontaires pour l’aider dans cette tâche et ils se retrouvèrent à
la Rêverie quelques jours plus tard. Le laboratoire de recherche fut
rapidement trouvé, grâce aux efforts des érudits et investit par les
Songes. Une douzaine de scientifiques parfaitement apeurés et
inoffensifs y travaillaient. Ils nous donnèrent l’artefact sans se faire
prié. La mission semblait être un franc succès jusqu’à ce que Greil
demande aux Songes de détruire le laboratoire et de tuer les
scientifiques. Une clameur de refus s’éleva de tous les Songes. Enfin
presque. Bien que la majorité semblait refuser de tuer des civiles, un
homme, un Hyurois au regard froid, du nom d’Arek, installait déjà des
explosifs un peu partout dans le laboratoire. Kyuuji était d’avis que
détruire le laboratoire et faire enfermer les scientifiques était
suffisant pour anéantir les recherches qu’ils y faisaient. Mais il
comprenait qu’il faille sacrifier une douzaine de vie pour en sauver des
milliers d’autres. Bien que ces hommes et ces femmes ne fussent pas des
natifs de Garlemalds, ils étaient avec eux. Et dés qu’il s’agissait des
Impériaux, Kyuuji ne voyait plus que leur insigne. Malgré tous ces
précédents remords, malgré ce qu’il avait dit à Fin, il n’arrivait
simplement pas à ignorer le risque que représentaient ces chercheurs. La
guerre n’était pas seulement à la porte d’Eorzéa. Elle était déjà sur
elle. La réaction, la lâcheté de certains Songes, refusant de voir que
la guerre nécessitait parfois des sacrifices, fit jaillir un flot de
doutes en lui. Le Raen ferma son cœur et fit part de ce qu’il pensait
avant de laisser la décision à Greil. Le Hyurgoth fit semblant d’avoir
prit l’avis de tous les Songes en considération. Mais tua les
chercheurs. Nombreux furent épouvantés, déçus, dépités et furieux par
l’acte de Greil. Mais ce qui mettait Kyuuji hors de lui, ce n’était pas
le meurtre des scientifiques, c’était le mensonge de Greil. Son mensonge
et sa mise à l’épreuve. Son esprit se ferma à toutes considérations
extérieures. Il fit de gros efforts pour ne pas se laisser gagner par la
colère, mais se promis de mettre cette situation au clair, le plus tôt
possible. Il lui faudrait parler au guerrier de ses doutes le concernant
et concernant la Compagnie. Kyuuji avait besoin de savoir s’il pouvait
lui confier sa vie comme il l’avait fait auparavant, s’il ne s’était pas
trompé sur les objectifs des Songes. Après une prière pour rendre les
corps des chercheurs à l’éther, Kyuuji resta en compagnie d’Arek pour
s’assurer de la destruction du laboratoire. Pas qu’il ne lui faisait pas
confiance, le Raen avait besoin de voir le résultat de ses yeux. Et il
espérait pouvoir cerner un peu plus le Hyurois. En vain. De retour à la
Rêverie, le débriefing avait commencé et les fileurs et Rynia s’étaient
réunis à huis clos. Kyuuji profita de ce répit pour mettre de l’ordre
dans ces pensées. Il avait l’intention de discuter avec Greil et il
réfléchissait déjà à ce qu’il avait à lui dire.
Le
rapport de la mission de récupération de l’artefact fut affiché sur le
mur de la Rêverie. La conclusion était choquante. Inimaginable.
Aberrante. Rynia avait mit une injonction à la compagnie leur
interdisant de s’approcher des castrums et de prendre part au moindre
combat avec les Impériaux. Une injonction à une compagnie libre ?
C’était une mesure Extrême. Les Songes avaient porté un coup à Garlemald
et ils se retrouvaient sous injonction. Le monde tournait-il à l’envers
? L’ennemis était là, devant eux, les menaçaient de leurs armes, de
leur technologie, et les Grandes Compagnies refusaient de bouger.
Refusant d’ouvrir les yeux. Ne réalisant pas ce que pouvait leur faire
l’Empire. Kyuuji fut envahi de rage, d’appréhension et
d’incompréhension. Lui avait vécu littéralement la guerre. Il avait été
témoin, parfois même acteur contre son gré, des actes monstrueux de
Garlemald. Kyuuji maîtrisa sa colère, mais le doute s’installa. Il avait
déjà tout perdu à cause de l’Empire et il prenait encore d’énormes
risques pour continuer à le combattre. Et voila qu’on le lui
interdisait. Cela n’avait pas de sens. Jamais il n’avait été question de
négociation de paix avec Garlemald, ce n’était pas même envisageable.
Atténuer les tensions ? Par peur de représailles ? Plutôt que de prévoir
un coup d’avance et de profiter de ce coup dure pour répliquer plus
fort encore ? Cela n’avait décidément aucun de sens. Kyuuji devait
parler à Greil pour lever ses doutes. Mais il refusait de le faire à
chaud. Il décida de se calmer par la méditation et se rendit dans la
pièce qu’il louait à la Rêverie. La quiétude qui régnait ici l’apaisa
immédiatement. Le Raen se détendit un peu plus en prenant soin de ces
deux bonzaïs puis il opta pour une tenue plus confortable et s’installa
pour méditer. Malgré les doutes bien ancrés en lui, Kyuuji réussi à
retrouver le calme et son esprit fonctionnait de nouveau normalement. Il
était prêt pour discuter avec Greil, quand il le pourrait.
Les
mémoquartz réunis, il fallait désormais décrypter leur contenu. Pour se
faire, Lya demanda l’aide des Songes disposées à contribuer à ce
projet. Kyuuji, motivé par la curiosité mais aussi par sa haine pour
l’empire, décida d’apporter sa pierre. Le travail commença à l’atelier,
plusieurs autres membres de la Compagnie se joignirent aux recherches,
dont certains que le Raen n’avais jamais rencontré auparavant. Ces
recherches durèrent de longues semaines durant lesquelles, les Songes
mirent en communs leurs connaissances et leur intelligence. Ils
apprirent aussi à se connaitre, à s’apprécier ou se déprécier en
fonctions des affinités. Mais le projet de décryptage était le centre
commun de tout l’atelier.
Enfin,
quand les mémoquartz furent entièrement décryptés, ils révélèrent
contenir les plans d’une arme. Une réplique allagoise. Lya, l’ingénieur
en chef de l’atelier des Songes, et principale responsable des recherche
sur les mémoquartz, était persuadée que ce fleuron de la biotechnologie
allagoise pouvait permettre d’éradiquer les primordiaux et d’apporter
une paix durable en Eorzéa en mettant fin aux interminables conflits
contre Garlemald.
Mais
pour réaliser cela, il fallait déjà la construire. Lya demanda à
nouveau l’aide des Songes pour ce nouveau projet, nommé Essentia Arma.
Alors
que la construction de l’Essentia Arma avait à peine commencé, les
plans de la construction disparurent de l’atelier de compagnie. Les
conditions de disparition des plans laissaient penser qu’il s’agissait
d’un vol, commis par une ou plusieurs personnes. Certainement membre de
la Compagnie.
Une
réunion de crise fut rapidement organisée après qu’une enquête
succincte fut menée. Quelques indices avait été réuni, des cheveux de
différentes couleurs retrouvé dans l’atelier, apparemment aucun de la
couleur de la personne la plus active sur le projet. Parmi ces cheveux
se trouvaient certainement ceux du ou des coupables. Le majordome de la
villa était sûr d’avoir vu quelqu’un portant une coule et une queue, de
Miqo’te ou d’Ao ra il n’aurait sut le dire, s’introduire dans l’atelier
la nuit du vol. Enfin, le témoignage d’un agent de l’Ordre indiquait
qu’une personne portant une armure et une carrure importante courrait
vers les berges, la nuit du vol également.
Durant
cette réunion de crise, une liste de suspects fut établie sur la base
de ces indices. Les suspects étaient Elisabeth, le superviseur Rynia,
Kaede Greil et Kyuuji.
D’abord
surpris par cette accusation, le Raen ne réalisait pas ce que cela
impliquait. Mais rapidement, l’annonce d’un procès durant lequel les
suspects devraient prouver leur innocence réveilla en lui une grande
angoisse. Il n’avait aucun alibi pour la nuit du vol. Quant à exposer
ses raisons de son envie de voir le projet aboutir pouvait lui attirer
encore plus de soupçons. Petit à petit, Kyuuji réalisa qu’il pouvait
faire un parfait suspect. Voire un coupable.
Le
procès concernant le vol des plans de l’Essentia Arma eu lieux quelques
jours plus tard. Le salon de la Rêverie avait été aménagé en
conséquence. L’ambiance était tendue, angoissante et stressante pour
Kyuuji, convaincu d’avoir à exposer sa vie pour prouver son innocence.
Sans
surprise, le premier à passer à la barre fut Greil. Il n’avait aucune
raison de voir le projet ralentir alors qu’il en était l’instigateur.
Puis
ce fut le tour de Kyuuji. Malgré ses craintes, il n’eux pas beaucoup à
insister pour prouver sa bonne foi. Le Raen expliqua simplement qu’il
vouait une haine à l’Empire et qu’il cherchait à se venger. Satines,
fileuse des Songes, appuya son témoignage en soulevant le fait que
Kyuuji ne correspondait qu’à un seul indice, celui d’être un Ao ra et
donc de posséder une queue. La couleur de ses cheveux, la taille de ces
pieds et le fait qu’il ne portait jamais d’armure venaient contredire
les autres indices.
Ainsi
écarter des doutes, Kyuuji rejoignit sa place, terriblement rassuré,
mais pas apaisé pour autant. Juste après lui, ce fut le tour
d’Elisabeth. Sa marraine ne chercha qu’à peine à prouver son innocence.
Comme elle le lui avait dit quelques jours plus tôt, elle attira les
soupçons sur elle pour pousser le véritable coupable à la faute.
Puis
vint le tour de Kaede. Elle avait été la première sur la liste des
suspects, ayant apporté le seul indice qui venait contredire les deux
autres. Kaede était celle qui avait recueilli le témoignage de l’agent
de l’Ordre, parlant d’un aventurier à forte carrure et portant une
armure. Mais elle ne se laissa pas emporter par la colère et répondit à
toutes les questions qu’on lui posa, se défendant agilement.
Enfin,
ce fut le tour de Rynia. Elle exposa qu’elle ne pouvait avoir volé des
plans dont elle ignorait l’existence même. Elle accusa Greil
d’insubordination puisqu’il ne les lui avait jamais communiqué. Elle le
traita également de fou, d’assoiffé de sang et de conquête. C’était sa
parole contre celle de Greil. De plus, le dernier indice, qui ne
correspondait pas aux autres, pouvait tout à fait avoir été inventé et
manigancé par Rynia pour faire accuser Greil. Elle en avait les moyens
et le mobile. Il n’en fallut pas plus pour le jury.
Après une rapide délibération, les membres du jury ont décidé que la culpabilité supposée se portait sur le Maréchale Rynia.
Après
le procès de la Lavandière, tout Gridania parlait d’une démission
incroyable. Le grand-maréchal Rynia, contre toutes attentes, avait
démissionnée de son poste de l’Ordre des Deux Vipères. En parallèle, les
plans de l’Essentia Arma étaient réapparus à la Rêverie et la
construction de l’arme avait repris.
Mais
le doute sur la nécessité de réaliser ce projet était déjà instillé
dans le cœur de certains Songes. Alors lorsqu’Elisabeth vola de nouveau
les plans, annonçant son méfait, l’intêret de réaliser ce projet fut mis
à mal.
Le
projet en fut à peine impacté, Greil avait réagi à la suite du vol des
données la premiere fois en en faisant une copie qu’il mit à disposition
dans l’atelier. Le Raen se doutait qu’il l’aurait fait. C’est pour cela
qu’il ne comprenait pas pourquoi Elisabeth avait choisi d’attirer
l’attention de cette façon.
Bien
que ne comprenant pas l’acte de sa marraine, Kyuuji en comprenait les
raisons. Elle n’avait jamais été favorable au projet et elle essayait de
faire passer son message par tous les moyens possibles. Seulement, le
Raen ne le voyait pas. Garlemald possédait des technologies dépassant
celles d’Eorzéa de loin. L’Ultima Arma en était un exemple flagrant de
la dangerosité des armes allagoises d’un côté, mais surtout de ce
qu’était prêt à faire l’Empire pour asseoir son pouvoir. Kyuuji était
convaincu qu’il fallait équilibrer les forces. C’était la guerre. Même
si ce n’était pas de l’avis de tous, il valait mieux se salir les mains
plutôt que ne pas riposter.
La
construction de l’Essentia arma touchait à son terme après de long mois
de travail et de doutes. Greil annonça alors qu’il souhaitait en tester
les capacités. Le nombre de Songes se portant volontaire pour assister
et participer à cet essai surpris grandement Kyuuji. Le projet était
loin d’avoir fait l’unanimité, pourtant les plus farouches opposants
étaient présents.
Greil
endossa rapidement l’armure au sein même de la Rêverie et demanda si un
Songes voulait être le premier à tester les capacités de l’armure.
Quelques-uns parmi les conquérants se portèrent volontaire, et Greil
choisit une Xaela du nom d’Amaterasu. Son choix, encore une fois, ne fut
pas bien accueilli. Les amis les plus proches d’Amaterasu tentèrent de
s’interposer alors qu’elle-même s’était portée volontaire. Mais Greil en
fit fît. Il tendit simplement sa main vers elle et l’armure siphonna
rapidement son éther. Tombant presque inconsciente, Amaterasu fut
emmenée à l’écart par ses amis les plus proches. Mais la colère des
Songes était prête à exploser. Poussé en avant par ce premier essai,
Greil décida de continuer au castrum de Mor Dhona.
Dès
le premier impérial à portée de vue, Kyuuji fut envahi par sa haine. Il
n’attendait plus que l’ordre d’attaquer. Et il obéit quand Greil le lui
donna. Avec l’aide de Nergui, Arek et d’autres, le Raen libéra le
passage pour les autres Songes. En rage, Kyuuji ne voyait rien de ce
qu’il se passait derrière lui. Il ne voyait pas les pouvoirs de
l’armure. Il ne voyait plus que les soldats qui se dressaient devant
lui.
Jusqu’à
ce que Greil donne l’ordre d’en laisser deux en vie. Alors Kyuuji se
contrôla et observa en silence. L’armure démontra encore sa capacité à
absorber l’éther de ses victimes. Que Greil s’attaque aux impériaux de
cette façon sembla outrer et mettre la majorité des Songes présents hors
d’eux. Ils commencèrent alors à s’opposer directement à lui. D’une
certaine façon, ils préféraient s’opposer à leur compagnon qu’aux
impériaux. Ils refusaient de blesser un soldat mais n’eurent aucun
remords à s’en prendre ceux qui prenaient le parti de Greil.
L’exemple le plus décevant fut lorsque Vherkin tenta de tuer Arek
simplement parce qu’il n’essayait pas d’arrêter le Second des Songes.
Puis ils se mirent à l’attaquer directement.
L’armure
protégea plus qu’efficacement Greil qui ne semblait pas subir le
moindre dégât. Kyuuji n’arrivait pas à comprendre leur comportement.
Ils
refusaient de tuer des soldats garlemaldais, ils refusaient même
simplement d’attaquer un ennemi, l’ennemi de tout Eorzéa. Et pourtant
ils n’avaient aucun problème à attaquer leurs alliés. D’essayer de les
tuer ou de les estropier. D’abord Arek, puis Kyuuji. Parce que, porté
par sa haine, le Raen était prêt à suivre Greil pour se venger. C’était
pourtant la guerre. Et leur comportement était illogique. S’ils étaient
pacifiques au point de refuser de s’en prendre à leur ennemi, pourquoi
s’en prenaient-ils à leurs alliés ? Malgré tout, Kyuuji comprenait leurs
craintes. L’Essentia Arma, comme l’Ultima Arma ou toutes autres
créations allagoises, pouvait être des dangers pour Hydealyn et pour
l’équilibre de l’éther. Au fond de lui, il comprenait. Il savait. Kyuuji
décida d’accompagner Greil quand il le lui proposa. Au risque de se
mettre à dos les Songes. Porté par sa haine et sa vengeance, mais aussi
par un sentiment d’urgence.
Il
préférait rester aux côtés de Greil autant pour le voir porter atteinte
à Garlemald que pour s’assurer qu’il ne dérape pas plus. Mais cette
seconde raison, il la garda pour lui-même.
Greil,
Arek, Fafnir, Nergui et Kyuuji étaient désormais aux pieds du Castrum
Solus dans Azys Lla. Ils se préparaient à l’attaquer quand les Songes de
Nymeia les retrouvèrent. Ils étaient nombreux, armés et visiblement ils
n’allaient pas les laisser faire. Leur venue sortit Kyuuji
instantanément de sa haine. Cela faisait une semaine maintenant qu’il
était dans une sorte d’état second, en proie à une haine insatiable
envers l’Empire. C’était grâce à cela qu’il avait tenu le rythme imposé
par Greil. Le rythme et les atrocités qu’ils avaient perpétuées. Son
retour à la normalité s’accompagna des accusations que les Songes
lancèrent contre Greil.
Imposture,
duperie, tromperie, abus. Ils l’accusèrent d’être un clone de Greil
devenu fou par l’approche imminente de sa mort. Le Raen était déjà
arrivé à la conclusion que Greil était aux portes de la mort, mais il
était loin de se douter qu’il s’agissait d’un imposteur. Et comment
l’aurait-il pût ? Il ne connaissait que cet homme-là. Bien que certains
avaient essayé de l’avertir, ils n’avaient rien dit de convainquant, se
limitant à dire qu’ils avaient le sentiment que ce n’était pas Greil.
Kyuuji avait entendu leurs doutes mais il n’avait pu les comprendre.
Ceux qui connaissait mieux leur second, ceux qui l’avait connu avant,
avaient perçus quelque chose que Kyuuji ignorait et personne ne le lui
avait dit clairement de quoi il s’agissait. Il avait simplement mit ces
changements sur le compte de l’approche de sa mort. Qui ne changerait
pas en apprenant qu’il était condamné et que son espérance de vie
n’était plus que de quelques lunes ? Qui pouvait lui reprocher d’être
désormais pressé de remplir ses objectifs ? Kyuuji pensait que personne
n’avait compris que Greil était condamné, il pensait que c’était ce
changement qu’ils percevaient. Il était loin de se douter que c’était
une conséquence et non la cause de ses changements.
Lorsque
les Songes lui prouvèrent que le Greil qu’il suivait était un
imposteur, le Raen en fut abasourdit, étourdit et terriblement perdu. Il
avait été aveuglé par sa haine et par la confiance qu’il avait en
Greil. Mais il en avait profité. C’était la première fois que
le manque de défiance de Kyuuji l’emmenait à de telles conséquences.
Déjà
perturbé, le Raen se retrouva plus mal encore quand Greil décida de
s’en prendre à l’ex-superviseur de la Compagnie, la sous-maréchale
Rynia. Sans pitié, il l’a tua dans un accès de colère. Kyuuji et d’autre
tentèrent de la sauver mais il était trop tard. Le choc était grand
pour le Raen. Si grand qu’il ne suivait plus les conversations, il
n’entendait plus rien, ni personne. Il ne voyait que les Songes
s’attaquer à Greil qui se contentait de rire. La voix du second,
appelant Kyuuji à se battre à ses côtés, le ramena à la réalité. Il
était hors de question de lever la main sur les Songes, et il se refusa à
aider le guerrier. Il avait déjà fait trop d’erreurs.
Puis
le combat éclata. Greil répondit coups pour coups tandis que les Songes
mettaient à exécution un plan qu’ils avaient visiblement préparé. Dans
la fureur du combat, loin de la haine qu’il entretenait pour l’Empire,
Kyuuji était presque lucide. Il se rangea du côté des Songes et les
soignait dès qu’ils subissaient des dégâts. Heureusement, il n’était pas
seul à les soigner. Et il était rôdé à l’effervescence des combats. Il
réagissait à l’instinct, son esprit était encore perdu ailleurs, en
proie au remords, aux troubles et aux doutes, mais il donnait tout ce
qu’il pouvait.
Le
combat était acharné, des Songes furent blessés puis soignés, Greil et
son armure étaient d’une puissance remarquable. Après de longues heures
d’échanges acharnés, les Songes finirent par le mettre en déroute.
Epuisé, le guerrier s’abandonna à la folie. De son côté, Kyuuji se
laissa tomber au sol et se prit la tête entre les mains, s’abîmant dans
ses réflexions les plus profondes. Il ne vit pas ce qui se déroula
ensuite. Il n’entendit pas ce qui se disait. Soudain, une lumière
aveuglante l’éblouit puis l’instant d’après Greil avait disparu.
Derrière les Songes lessivés par le combat, deux inconnues venaient
d’arriver. Mais cela n’intéressa qu’un bref instant le Raen. Il s’abîma
de nouveau dans ses pensées troublées.
Une
voix familière le ramena à nouveau à la réalité. La majorité des Songes
étaient déjà partie, mais Sylfeline le regardait visiblement inquiète
et soucieuse. Bientôt rejointe par Fafnir et S’milawy, elle essaya de
rassurer le Raen, lui demandant de rentrer à la villa avec eux.
Parfaitement conscient de son tort, Kyuuji savait qu’il se devait de les
suivre, personne ne le laisserai s’échapper après cela, et lui-même
n’en avait pas l’envie ni la force. Un nouveau Greil, plus jeune que
celui qu’il avait connu jusque-là, s’intéressa également à lui. Il
n’avait pas l’air de le juger. Il semblait presque content de voir une
nouvelle tête masculine au sein des Songes. Encore en état de choc, le
Raen, se laissa entrainer et ils rejoignirent la villa.
Devant
l’arche qui marquait l’entrée du jardin, Kyuuji fut envahi par le
doute. Il n’osa pas franchir le portail. Il ne réalisait pas
l’inquiétude qu’il provoquait chez ses compagnons, son esprit était
ailleurs. Il se força à les suivre quand tous rentrèrent à l’intérieur
et il se posta dans un coin à côté de la porte, n’osant aller plus loin.
Il s’appuya contre le mur et essaya de rester lucide. Mais ce n’était
pas simple. Il assistait à des retrouvailles entre les fondateurs de la
compagnie, qu’il n’avait connus, et leurs membres. Le Raen ne se sentait
pas à sa place. Il s’efforça de se faire discret et petit. Pour une
fois, il remercia sa petite taille.
Rapidement
pourtant, le hall de la Rêverie se vida et le Raen ne passa plus
inaperçu. Certain lui témoignèrent de l’hostilité, lui rappelant qu’ils
l’avaient prévenu. Kyuuji en était conscient, mais il n’avait pas
compris l’avertissement. Il n’avait pas d’excuse. D’autres lui
témoignèrent un léger soutien. Les mots de Vherkin le touchèrent
particulièrement. Mais le Raen savait qu’il devrait répondre de ses
actes, c’était de sa responsabilité. Surveillé de près par Lhei, il
n’osait pas bouger malgré l’épuisement qui s’abattait lentement sur lui.
Il n’essayait pas vraiment de le cacher, l’esprit encombré de doutes,
de remords et de regrets.
Une
voix inconnue le tira de ses pensées. Une Miqo’te qu’il ne connaissait
pas semblait curieuse à son sujet. Kyuuji remarqua alors Yukina à ses
côtés, il ne l’avait pas vu ni entendu s’approcher. Il se présenta à
celle qu’il pensait être Prinesca, la fondatrice des Songes de Nymeia,
douloureusement conscient qu’il n’était pas en très bonne posture. La
première impression était souvent déterminante, et celle que le Raen
avait laissée aux Fileurs de retour devait être déplorable.
La
présence de la jeune Raen l’apaisa plus que tous les mots qu’il avait
entendu jusque-là. Alors quand la villa se vida un peu plus, Kyuuji
réussi à lui parler presque normalement. Elle lui témoigna son
inquiétude, son amitié et sa sympathie. C’était tellement plus que ce
qu’il espérait, que ce qu’il osait espérer recevoir. Il s’efforça de se
reprendre un peu pour ne pas plus l’inquiéter, en vain visiblement. Mais
leur conversation l’apaisa réellement. Légèrement plus confiant, il se
rendit dans les forêts de Sombrelinceul, à la fontaine d’Urth pour
méditer de tout ce qui s’était passé. Et ce, depuis son arrivée dans la
Compagnie Libre.