Gaenry
partit donc pour Auridia, accompagné d’un petit détachement de rôdeurs
sous ses ordres. Sa femme et sa fille le suivirent, pour l’accompagner
et le soutenir dans ce changement. Sur la route, leur cœur se serra en
quittant le Val-boisé, ni Gaenry ni Finwee n’avaient encore quitté la
protection du Vert. Ils embarquèrent sur le bateau les menant à Auridia
avec une appréhension naturelle, quitter à la fois leur terre, leur
culture et leur famille fut difficile. Mais nécessaire pour le bien du
Domaine en construction, et ils le savaient. Les routes n’étaient pas
toutes sûres, de nombreuses tensions locales ou la présence de bandits
rendaient le trajet éprouvant pour les civiles, mais les rôdeurs de
Voileronce se débarrassaient efficacement des menaces sur leur trajet.
Les Haut-elfes présents, dont la mission était de les conduire jusqu’à
Auridia, admirèrent leurs talents mais se montraient également fort
utiles pour défendre le convoie. Finalement, les rôdeurs de Voileronce
et leur famille arrivèrent à Auridia. Cette île, au climat et à la
végétation bien différents de ceux du Val-boisé, semblait tellement
isolée du Vert, le cœur de Finwee se serra d’avantage, elle tint bon en
tirant sa force de la présence de sa fille. Faejine, maintenant âgée de
trois ans, était espiègle, vive et joyeuse à souhaits. Elle faisait la
fierté de sa mère. Gaenry, lui, se raccrochait plutôt aux rôdeurs placés
sous sa responsabilité, il maintenait l’ordre et la cohésion du groupe,
planifiant leurs déplacements et ceux du convoi, organisant les rondes
et les rations. Finalement, il prit goût au commandement. Son arrogance
lui valant quelques remontrances des Haut-elfes mais celles-ci
alimentaient sa fierté et il ne manquait pas de jouer avec eux. Gaenry
n’était pas mal vu des Haut-elfes, l’arrogance était leur domaine, ils
étaient même étrangement proches de lui, et malgré les tours qu’ils se
jouaient, se faisaient confiance mutuellement.
Le
convoi arriva enfin à Prime-tenure, la plus grande ville Altmer de tout
l’actuel Domaine d’Aldméri. Les rôdeurs furent reçus en grandes pompes
par le roi Hidellith et son héritière, Ayreen. Les récits des Altmers
ayant accompagnés le convoi furent grande impression et le roi félicita
personnellement Gaenry qu’il demanda à ses côtés. Le Bosmer arrogant
accepta, bien sûre, l’invitation. Depuis lors, Gaenry passa le plus
clair de son temps avec les politiques et militaires Altmers. Ses
rôdeurs n’en restèrent pas pour compte, il s’arrangeait pour leur
trouver toute sorte d’occupation, mais il délaissa sa famille. Son
arrogance et sa fierté, déjà grandes pour un elfe des bois, grandirent
avec sa renommée. Alors, lorsque son unité de rôdeurs fut placée sous le
commandement du prince Naemon, à la suite de la disparition de
l’héritière Ayreen, Gaenry n’attendit plus de sa fille, bientôt en âge
de suivre l’éducation normale, qu’elle suive le même chemin que lui,
qu’elle contribue à sa propre gloire. Ne refusant rien à son
marie, qu’elle chérissait encore malgré son absence, Finwee inscrivit
donc Faejine dans une école altmer de Prime-tenure. Faejine, espiègle et
maligne, se fit des amis facilement et elle prit goût à l’école. Sa
mère l’éduqua également aux coutumes de son peuple, lui apprit son
histoire et ses croyances. Le Pacte Vert prit une dimension importante,
loin de ses terres natales, l’enfant s’y accrocha comme pour se rappeler
ses racines. Gaenry, ravi de savoir que sa fille suivait les pratiques
du Pacte Vert, vit là une occasion de montrer un peu plus son influence,
il confia son apprentissage de la chasse à l’un de ses rôdeurs, mais ne
prit pas plus de temps pour leur rendre visite.
A l’âge de six ans, en 2E 570, Faejine intégra une école militaire où elle apprit les rudiments du combat et de la magie ainsi que de la stratégie. Consciente de la renommée de son père et souhaitant, comme tout enfant de son âge, que ses parents fussent fières d’elle, Faejine s’investit énormément dans ses études ainsi que dans la chasse avec les rôdeurs, dans le respect du Pacte Vert et les pratiques ancestrales. Déjà de petits bosses révélant de futures cornes pointaient sur son front, faisant la fierté de toute sa famille. Au court de sa formation, ses professeurs altmers décelèrent également chez elle une affinité pour la magie, rien d’anormal pour une Bosmer, encore moins parmi les Altmers. De part ses efforts, ses aptitudes magiques et le statut de son père, beaucoup dirent d’elle promise à un grand avenir.