L’Altruisme

Le clan s’enracinait dans la vallée. Il prospérait, selon les critères Ayatgid, en religion et en paix. Les traditions garantissaient l’évolution et la vie dans la vallée, en autarcie presque complète. La vallée connut quelques rares visiteurs, principalement des exilés Xaela. Pacifiques et loin des conflits Aora, ils furent accueillis à conditions qu’ils acceptent de prendre les traditions, les coutumes et les lois du clan. Rares furent les Xaelas à accepter de s’intégrer à un clan Raen si loin de la mentalité des Steppes. Plus rare encore étaient les visites de Hyurs. Mais durant les siècles qui suivirent, en vinrent quelques-uns qui s’y établirent. Ils apportèrent des mots qui manquaient encore aux Ayatgid. Kami était le terme qui correspondait le mieux à L’Esprit Paon. Ce n’était pas tout à fait exacte, mais le clan savait faire des concessions pour être compris du plus grand nombre. Ils adoptèrent en outre le commun, gardant leur langue ancestral pour les cérémonies officielles, importantes ou pour le privé. Leur langue devint un héritage qu’ils entretenaient, désormais figée, comme un souvenir immuable qu’ils jalousaient mais qu’il ne fallait pas oublier. Les noms aux sonorités domiennes furent adoptés, par effet de nouveauté d’abord, puis par nécessité de se fondre, pour chérir la langue ancestrale secrète.

Avec les visites, même rares et sporadiques, il devint nécessaire de nommé le village, refusant toujours de donner un nom à la vallée, elle appartient au Paon. Le village fut appelé Kiyomura. Les nouvelles de tout Othard commençaient à parvenir régulièrement aux oreilles des Atagi. Un émissaire Domien finit par se présenter aux portes du village, estimant que tous les clans Raens devaient être sous la juridiction domienne. Attaché à son indépendance, le clan s’éleva contre la mention. Le Grand Prêtre et l’émissaire essayèrent de convaincre l’autre par la parole. Mais rapidement l’émissaire perdit patience. Menaces, manigances, corruptions devinrent les armes de ses tentatives. Le clan se souda comme un seul homme pour chasser l’émissaire. Le refus du clan Atagi de se soumettre aux Domiens était catégorique mais ils tempérèrent pour ne pas s’attirer leur inimitié. La distance aidant, un équilibre fut trouvé entre Doma et les Atagi.

La simplicité et l’isolement du village étaient une de leur plus grandes forces. Avec la protection de l’Esprit divin, aucun envahisseur ne prit pieds durablement dans la vallée. Les racines tribales alliées à la magie des Prêtres et soutenu par le Paon permettaient toujours de repousser les menaces jusqu’à ce que les dangers extérieurs ne se présentent finalement plus dans la vallée. Alors le temps de paix s’installa.

Des siècles durant, le clan n’eut pas à faire face à la moindre menace extérieure. Le temps fit oublié les racines combattantes des ancêtres. La vie était rythmée par les cycles religieux. La bienveillance était naturelle et la patience une vertu entretenue. L’entraide était la plus grande et la plus belle des valeurs transmises par les Atagi. La bonté devint leur force, leur caractère, leur voie. L’Esprit divin était paisible et comblé, ses protecteurs représentaient désormais tout ce qu’il était. L’Altruisme.