L’ambiance, depuis que la Bosmer portait l’armure des prochains diplômés, avait changé à l’école des officiers. Les élèves de sa promotion ne pouvaient plus ignorer ses talents, mais ne montraient plus de jalousie, la menace bien présente resserrait les liens entre les étudiants. De même que les années et les exercices permirent aux élèves de se créer des relations. L’attitude de Faejine ne dérangeait plus, tous s’y habituèrent. Particulièrement un Altmer. Faejine se retrouva souvent en binôme avec lui pour les devoirs et les exercices. Bien qu’elle ne s’ouvrait pas à lui, l’Altmer essayait de passer du temps avec elle en dehors des exercices. Mais, la Bosmer ne lui accordait pas plus d’attention qu’aux autres, il finirait bien par se lasser et elle devait se concentrer sur ses études, se disait-elle.
En
2E 579, les études d’officiers de Faejine touchèrent enfin à leur fin
après six ans passés dans le pensionnat. La cérémonie des diplômes
aurait lieux dans quelques jours. D’ici là, les élèves en armure avaient
quartiers libres. La jeune Bosmer, contre son habitude, fit un tour en
ville. Prime-tenure, la capitale des Haut-elfes d’Auridia, lui semblait
très différente de lorsqu’elle était enfant. Faejine se rendit compte
que durant ses six ans passés à étudier et à ruminer sa haine, de
nombreuses choses avaient changé. Malheureusement tout n’avait pas
changé pour le mieux. La guerre et la Coalescence mirent à mal beaucoup
de monde et de chose en à peine un an. Elle ne regretta pas d’avoir
évoluée à la pension sans se préoccuper de l’extérieur. Finalement, la
Bosmer décida de se rendre à la caserne, pour s’imprégner de l’ambiance
et des lieux qui seraient sûrement bientôt son quotidien. La caserne
était en pleine activité, les armées de Molag Bal et les tensions avec
les autres alliances étaient palpables d’ici. Faejine appréciait
l’ambiance. Tout le monde s’occupait et savait exactement ce qu’il
devait faire, tout avait une place. Pas de bavardage inintéressant, pas
de messes basses, pas de regard en biais bien que quelques regards
curieux. Ici, même ses cornes semblaient à leur place.
Faejine
visitait la caserne, lentement, prenant le temps de regarder et de
s’imprégner de l’ambiance, l’après midi commençait à peine. Elle croisa
quelques personnes qu’elle connaissait et elle en regarda s’entraîner.
Le temps passait lentement quand elle n’avait rien à étudier, alors elle
décida de rendre visite aux Rôdeurs de Voileronce. Arrivée à
l’extérieur de la caserne, elle s’arrêta, réalisant qu’elle pourrait
croiser Gaenry avec les rôdeurs. Soupirant, la Bosmer se dirigea
finalement vers la taverne, elle espérait y trouver une moyen de passer
le reste de la journée, et trouver une occupation pour les deux
prochains jours, jusqu’à la cérémonie des diplômes. La taverne se
situait près du port, l’air iodé et les embruns lui donnèrent le
tournis. Les forêts du Val-boisé lui parurent bien loin. Elle n’avait
que peu de souvenir de sa vie là-bas, mais sa mère ne tarissait pas de
lui décrire ce qu’elle ratait, en étant ici, en Auridia. Elle s’extirpa
de ses souvenirs, attirée par la discussion d’un groupe de militaires à
côté d’elle. Leur sujet de conversation tournait autour de cette ancre
noire, apparue récemment à proximité de l’entrée nord-ouest de la ville.
Ils racontaient avoir vu des gens s’y envoler puis des drémoras en
descendre. Faejine sut qu’il s’agissait des sacrifices nécessaires à
l’invocation des armées de Molag Bal sur Nirn par le biais de l’ancre,
mais la suite l’interpella beaucoup plus. Les militaires racontèrent
avoir également vu un être écailleux immense, à la tête d’alligator, aux
bras aussi épais que leurs cuisses, ses épaules aussi large qu’une
maison, qui hurlait et crachait du feu. La description, bien qu’un peu
exagérée, correspondait à celle de ses professeurs. Un daedroth était
apparu à proximité de Prime-tenure. Le climat actuel se révéla être
particulièrement propice à ses projets, les armées du prince daedra
serait une bonne épreuve, se dit la Bosmer en rejoignant sa chambre à
l’école des officiers.