L’Homme Sans Ecaille

La tribu tournait dans la vallée qui devenait trop petite pour eux. Ils ne pouvaient la quitter, ils étaient les protecteurs de Paon. Les prêtres érigèrent un temple en son honneur. Ils lui bâtirent un sanctuaire, dans lequel il trouverait refuge et protection. Il s’agissait d’une stèle de pierres, quelques décorations tribales et d’offrandes, et le Paon était satisfait. Les prêtres Zamdaaitg développèrent, enrichirent le culte de cet esprit divin, ne reniant jamais le Père et la Mère. Les prêtres apprirent énormément auprès de L’Esprit divin, qui leur rendait leurs prières en leur octroyant de nouveaux pouvoir, la manipulation de l’Air. L’Air, cette force naturelle devint le symbole des prêtres. La magie des Zamdaaitg se défaisait ainsi des aspects offensifs pour se spécialiser dans la protection et le renforcement, elle leur devint particulière. Primitive et parfois incertaine.

Il fallut plusieurs décennies pour que les prêtres domptent totalement la magie du Paon, mais quand il fut satisfait, l’Esprit divin fit venir à lui celui qui permettrait à la tribu de progresser encore.

L’Homme Sans Ecaille apparu un matin au milieu de la vallée, à quelques pas de la stèle élevée en l’honneur de l’Esprit Paon. L’Etranger était de petite taille, dépourvu d’écaille, de corne et de queue. Il possédait une peau parfaitement lisse et rose. Ses vêtements étaient blanc et rouge, le couvrant comme une robe. Son visage était caché sous un capuchon blanc bordé de rouge. Il ne parlait rien de compréhensible.

Les Zamdaaitg étaient prêts à défendre leur protégé divin et ses terres de l’intrusion de l’Etranger sans écaille quand l’Esprit leur fit comprendre qu’il l’avait lui-même convoqué ici. L’Homme Sans Ecaille devint alors un hôte, mais la cohabitation s’annonçait difficile tant ils étaient différent à l’origine.

Heureusement, l’Etranger était intelligent et vif d’esprit. Il comprit rapidement comment fonctionnait la tribu puis apprit quelques mots. Bientôt, il parvenait à se faire comprendre. Il ne fallut pas longtemps pour que l’Homme Sans Ecaille s’intéresse aux prêtres Zamdaaitg et à leur magie. Il révéla alors ses propres dons, il manipulait la même force naturelle, qu’il appelait Vent, parmi d’autres. Les prêtres lui enseignèrent le culte, les coutumes et la langue de la tribu. Ainsi l’Etranger et les Zamdaaitg s’enrichirent mutuellement.

Pris en affection par la tribu et tombé sous le charme de la vallée, l’Homme Sans Ecaille s’installa une tente individuelle et ne chercha jamais à retourner parmi les siens. Adoptant les coutumes Zamdaaitg , il rangea son habit blanc et rouge. Comme un nouveau frère, l’Etranger enseigna aux membres de la tribu comment améliorer la culture des champs. Il leur apprit à bâtir des tentes profondément ancrées dans la terre, aux murs et au toit de bois. Il leur apprit à s’organiser selon une hiérarchie et une structure établies. Il leur apprit la langue partagée par tous, à travers tous les pays.

La tribu pouvait enfin s’établir correctement. Les tentes en peaux et en tissus furent abandonnées. Autour du sanctuaire, les prêtres édifièrent un temple, dans lequel ils se recueillaient, méditaient et communiquaient avec l’Esprit divin. Autour du temple, un village immobile apparu. La tribu était devenue sédentaire.