Prasin

Prasin
était une région du Val-boisé, très dense, peuplée d’orques et d’elfes
des bois principalement. Le ciel derrière les grands arbres était
souvent bleu, et l’air chavirait les odeurs forestières mêlées aux
odeurs iodées de la mer lointaine. Le retour dans le Val-boisé, région
natale de Faejine, ne la laissait pas indifférente. Elle retrouva des
odeurs, des bruits, l’ambiance du Vert, depuis trop longtemps oubliés.
La Bosmer se replongea dans les coutumes de son peuple avec plus
d’ardeurs, poussant l’unité à respecter une partie de ses pratiques.
L’équipe s’y prêta volontiers, du moins tant que ça ne ralentissait pas
leur rythme de marche, ce que Faejine apprécia grandement. Les liens
entre les membres de l’unité en devinrent encore plus fort. Le sentiment
d’appartenance au groupe était fort pour tous et l’équipe était
parfaitement soudée lorsqu’elle arriva à Prasin.

Dans
le ciel dégagé de Prasin, il était facile de repérer les grandes ancres
noires du prince Daedra, ces grands cercles de métal noir dans le ciel,
failles donnant sur Oblivion, desquelles sortaient d’immenses chaînes
du même métal noir. Le prince Daedra espérait attirer Nirn en Oblivion
en tirant sur ces chaînes, mais les ancres lui permettaient également de
faire traverser les plans à ces armées pour envahir Nirn. Détruire ces
ancres était la première mission de l’unité de Lothelil pour ralentir
les plans de Molag Bal. Après quelques jours passés sur les terres de
Prasin, les éclaireurs avaient trouvé l’emplacement idéal pour établir
le campement de l’unité qui devait stationner ici plusieurs mois.
L’unité s’y rendit et monta le camp, entre trois lieux de rituels
d’invocation d’ancres. L’emplacement était adéquate, la forêt cachait
les abords du campement et leur fournissait eau et nourriture. Les
membres de l’unité déchargeaient donc les chariots, préparaient les
tentes et montaient les enclos pour leurs chevaux lorsque le ciel à
l’ouest se déchira brusquement. Tous levèrent la tête et, entre les
arbres, découvrirent une ancre noire. Soudain, l’ambiance au sein de
l’unité changea, tous savaient exactement ce qu’ils avaient à faire.
Certains terminèrent de monter les enclos alors que d’autres
s’équipèrent de leur armure et armes. Les éclaireurs étaient déjà partis
et les officiers se regroupèrent rapidement. Le temps pressait mais la
nécessité était à l’organisation et à la préparation. Les décisions
furent prises rapidement afin que tout soit prêt au retour des
éclaireurs. L’ancre n’était pas loin, à peine à quelques minutes à
cheval. Le commandant divisa son unité lorsque les éclaireurs revinrent
faire leur rapport. Les combattants équipés, dont Faejine faisait
partie, sautèrent sur leur cheval et se mirent en route, disciplinés, en
direction de l’ancre.

Le
commandant Lothelil et les officiers en première ligne aperçurent
rapidement le lieu du rituel noir. Les adeptes étaient encore seuls, pas
de dreamora ni daedra en vue. Le commandant donna l’ordre de mettre
pied à terre d’un signe de la main, à bonne distance du rituel. Les
combattants attachèrent ensuite rapidement leurs chevaux et se
positionnèrent pour le combat à venir. Faejine ajusta sa prise sur son
bâton, un nouveau bâton de rétablissement, à peine testé sur le trajet.
L’air grave, toute l’unité attendait l’ordre d’engager les hostilités.
Lorsque le commandant lança la charge, suivi d’un même mouvement par
toute son unité, le premier adepte de Molag Bal quittait le sol pour
s’offrir en sacrifice à l’ancre. Les adeptes furent rapidement mis hors
d’état de nuire, mais les premiers esclaves de Molag Bal se
matérialisaient déjà. L’unité enchaîna ses mouvements avec précision,
repoussant Faucheclan, Pestemort, zombis et dreamoras. Un à un, les
verrous de l’ancre exposèrent leur cœur fragilisé par les énergies
daedriques du combats. Le commandant chargea un officier de les
détruire. Alors que le combat semblait ralentir au pied des grandes
chaînes, un daedroth colossal apparu soudainement. Il était différent de
tous ceux dont Faejine avait déjà entendu parler. Celui-ci avait un
corps écailleux ressemblant à celui d’un serpent ou d’un lézard, dotés
de deux paires de bras aux longues mains crochues et pourvues de
griffes. Sa tête, aux traits plus ou moins humains, était sertie de
cornes écailleuses et ses yeux reflétaient une intelligence malsaine. A
peine quelques secondes s’écoulèrent que déjà la créature psalmodiait.
Un nuage d’éclair s’abattit sur l’unité, Faejine réagit aussitôt et
invoqua des cercles de soins et ses sorts de rétablissement selon les
manœuvres prévues en entraînement. Les membres de l’équipe, ainsi
revigorés, retrouvèrent leurs esprits et se lancèrent dans le combat. La
créature se montra puissante et d’autres esclaves continuaient
d’arriver.

Le
combat faisait rage, mais l’unité de Lothelil était bien entraînée,
seule la créature écailleuse résistait à leurs assauts. Alors que le
combat s’éternisait, de nouveaux combattants rejoignirent l’équipe de
Faejine, attirés par l’ancre visible de loin dans le ciel. Cette aide
bienvenue enhardit de plus belle l’équipe. Sous les ordres des Lothelil
et des officiers, tous les combattants joignirent leurs forces pour
vaincre la créature écailleuse, qui finit par céder sous leurs assauts
incessants. Le dernier verrou de l’ancre s’affaiblit avec la mort de la
créature, Lothelil le détruisit, refermant ainsi la faille dans le ciel.
Les chaînes et l’ancre noire disparurent dans un grand fracas,
soufflant un vent fort avant de laisser place au silence. Le ciel
redevint bleu et clair. L’unité retrouva sa discipline et se rangea
derrière leurs officiers qui engagèrent la discussion avec les nouveaux
venus, les remerciant de leur aide et s’interrogeant sur leur identité.
Ils se présentaient comme un groupe de mercenaires, mandaté par le
village avoisinant pour les défendre contre les créatures venant des
ancres. Faejine aperçut cependant un insigne particulier sur l’armure de
l’un d’entre eux alors que les autres ne montraient aucun signe d’une
appartenance quelconque. Faejine détailla plus précisément le symbole,
un cercle de feu jaune sur fond noir, semblable à un soleil en pleine
obscurité. Il lui était inconnu mais le grava dans sa mémoire pour
enquêter dessus lorsque la situation serait plus calme.